Bernard Lepercq Explorateur en arts plastiques

ENTRETIEN : MICHEL VOITURIER - LE COURRIER DE L'ESCAUT (26/05/04) -

Ancré dans sa région, Lepercq pratique des disciplines variées, soucieux d'aller chaque fois vers une expression nouvelle.

Il a dit

¤ Rien de plus compliqué que la simplicité.

¤ Parvenir à cultiver son jardin, c'est déjà superbe.

¤ L'intérêt lors de la création d'une œuvre se trouve dans l'imprévisible, l'accident de parcours.

¤ Qu'est-ce que l'avenir? C'est l'infini.

¤ Je pratique les arts martiaux. Un de mes professeurs a dit à ce propos une phrase qui s'accorde bien avec la démarche d'un artiste: il faut être là où on ne vous attend pas.

¤ Ne pas chercher à tout prix à dire mais se laisser porter par le matériau.

¤ Faut-il ressasser un thème? Aller jusqu'au bout? Le risque existe toujours d'aboutir à une voie de garage. L'essentiel est de se

ressourcer.

¤ Une des fonctions de l'art est d'aller à l'encontre de la médiocrité humaine


Ancré dans sa région, Lepercq pratique des disciplines variées, soucieux d'aller chaque fois vers une expression nouvelle.

 

ORIGINAIRE de Warneton bien que né à Ypres en 1962, Bernard Lepercq est devenu professeur à l'antenne cominoise de l'Académie des Beaux-Arts de Tournai. Non seulement il a pratiqué la peinture mais, de plus en plus souvent, se tourne vers la vidéo, l'infographie, la recherche acousmatique, l'installation, la performance.

L'art peut-il s'enseigner?

 

La réponse mérite des nuances. Il existe des œuvres qui se créent intuitivement, même pour quelqu'un qui ne possède aucun bagage culturel car la sensibilité et le besoin de s'exprimer existent chez chacun. Néanmoins le savoir faire, la technique sont des éléments qui s'apprennent et qu'il est bon de posséder. De plus, un professeur se doit d'aider l'étudiant à réfléchir sur son travail. Non pas lui imposer ce qu'il doit faire, mais lui permettre de prendre un certain recul, de trouver des repères, d'ouvrir des portes qu'il n'aurait pas ouvertes aussi rapidement.

 

Les possibilités actuelles amènent les artistes à d'autres démarches que la peinture.

 

Depuis quatre ou cinq ans, je peins peu. Peut-être est-ce une question de sensibilité personnelle. Puisque je pense qu'on finit toujours par tourner autour des mêmes thèmes, il est normal de se frotter à de nombreux moyens d'expressions. Personnellement, je suis quelqu'un qui est attiré par de nouvelles façons de produire. Lorsque j'ai employé, j'ai envie de tâter d'un autre. C'est comme si le matériau, le support me suggérait de l'expérimenter pour entrer dans une pratique nouvelle dont je découvre les contraintes techniques et les potentialités au cours de l'action même.

 

Quelle est la thématique qui transparaît le plus dans vos travaux?

 

Ce que l'on ressent au plus profond de soi se retrouve forcément dans les réalisations. Au risque de répétition. Dans mon cas, il s'agit du corps. Je m'interroge sur cette vie qui est placée dans un espace quotidien, dans un déroulement temporel. Il est vrai que j'aspire à traduire davantage une conception sociale. Je voudrai parvenir à parler de ce réel qui nous environne et qui, aujourd'hui, est loin d'être serein et équitable. Bien sûr, je ne suis pas certain qu'un artiste puisse réellement faire bouger la société. Peut-être est-il susceptible de convaincre quelques personnes, de les influencer et être une sorte de flocon qui s'ajouterait à une boule de neige. Un acte infime qui transmet une émotion, une sensation, une pensée.

 

N'est-ce pas utopiste?

 

Probablement. Je suis malgré tout persuadé que la rencontre avec des œuvres est susceptible de laisser une trace chez les gens. Durant mes études secondaires, j'ai été influencé par le Candide de Voltaire. Quand Picasso a peint Guernica pour dénoncer les bombardements sur la population civile, il a suscité une interrogation. D'autres comme les artistes abstraits se sont davantage tournés vers l'introspection: face à des Rothko, par exemple, j'ai ressenti un merveilleux calme intérieur. Le problème n'est pas simple. La force des documents photographiques est grande actuellement. Je ne sais pas si un travail artistique est capable de parvenir à véhiculer un impact aussi direct. Cela revient sans doute aussi à relier au contexte socio-politique dans lequel nous vivons. Si j'habitai à Sarajevo ou en Irak, ma création serait différente. Les problèmes esthétiques ne sont pas vitaux. C'est une sorte de luxe qu'il est plutôt facile de pratiquer en nos régions favorisées et démocratiques.

 

Pour rester créatif, est-il bon de se sentir mal dans sa peau?

 

Cela me paraît une conception héritée d'un certain romantisme. Croire qu'il faut l'ivresse de l'alcool ou les illuminations via une drogue dure est une erreur. Beaucoup, dont je suis, pensent qu'il est possible de créer en conservant son équilibre mental et moral.

LE TOUR DU PROPRIETAIRE

Le Canon de Warneton symbole des jeux d’enfance et de l’ambiguïté des monuments liés à la guerre entre souvenir dramatique combattant et espoir pacifique.

Un dessin réalisé tout petit par un des fils, Clément, représentant Bernard et Nadine, ses parents, image d’un bonheur réalisé.

Un vieux magnétophone, de quoi expérimenter des sons, envisager une installation nouvelle, chercher à créer de l’insolite en manipulant des engins obsolètes.